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Insee : De l’éclaircie automnale à la reprise poussive en 2014

20 Déc

Après avoir confirmé une éclaircie en octobre 2013, l’Insee annonce que la reprise sera poussive en 2014 dans sa note de conjoncture publiée jeudi.

logo_insee_pageintL’Insee contredit le gouvernement sur l’inversion de la courbe du chômage d’ici la fin de l’année. Elle évoque plutôt sa stabilisation à mi-2014.

Selon l’Insee, l’économie française rebondirait au 4ème trimestre 2013 avec +0,4% et ralentirait au premier semestre 2014 avec +0,2%.

Mi-2014, le PIB afficherait un acquis de croissance de +0,7 %,après une croissance annuelle de +0,2 % en 2013 et 0,0 % en 2012. L’accélération de l’activité attendue en 2014 serait notamment portée par l’industrie manufacturière (acquis de +1,0 % mi-2014 après +0,5 % en 2013 et -2,8 % en 2012).

Au 4ème trimestre 2013, la production manufacturière rebondit de +0,8% avant de ralentir à 0,2% au premier semestre 2014. L’activité dans les services marchands reste dynamique avec +0,5%. Quant au secteur de la construction, il se stabilise au 4ème trimestre 2013 (0,0%).

Au début 2014, l’Insee prévoit une croissance modérée des exportations +0,7% au début 2014, encore pénalisées par l’appréciation passée de l’euro, ainsi que par les pertes de marché tendancielles.

Les chefs d’entreprises restent pessimistes en indiquant un fléchissement de leurs perspectives personnelles de production et leur opinion sur le niveau des carnets de commandes demeure défavorable.

L’Insee prévoit une stabilité du chômage à mi-2014 et une progression de l’emploi total. Sous l’effet de la croissance de +0,7% et CICE, les destructions de l’emploi salarié diminueraient, passant de -16 000 au 3ème trimestre 2013 à -4 000 au premier semestre 2014.

Cette stabilité du chômage s’explique par une baisse mécanique des demandeurs d’emploi grâce aux contrats aidés dont la durée a été allongée (+40 000 en 2014, après +116 000 en 2013). Ainsi, l’Insee prévoit une progression de l’emploi total de +52 000 au 4ème trimestre 2013 et +36 000 au premier semestre 2014.

D’ici mi-2014, le taux de chômage augmenterait de 0,1 point, à 11,0%. À l’horizon de la prévision, les créations nettes d’emplois ne seraient en effet pas suffisantes pour absorber la hausse de la population active (+113 000).

L’inflation d’ensemble augmenterait progressivement d’ici mi-2014 sous l’effet de plusieurs facteurs ponctuels. Le glissement annuel des prix à la consommation s’établirait ainsi à +1,1% en juin 2014, après +0,7% en novembre 2013. La hausse des taux de TVA au 1er janvier 2014, nette de l’effet du CICE, contribuerait pour 0,2 point à cette accélération des prix.

Du fait de la hausse de l’inflation, les gains de salaires réels acquis en 2013 (+1,1%) disparaîtraient en 2014.

Emplois d’avenir : encore un contrat précaire ?

30 Août

Thème phare de la campagne de François H., la rentrée politique inaugure les emplois d’avenir.

Crédit photo : travail-emploi.gouv.fr

En 3 ans, 150 000 emplois aidés pour les jeunes de moins de 26 ans, peu ou pas qualifiés, résidant dans les zones urbaines sensibles ou rurales vont être créés.

En premier lieu, 100 000 contrats verront le jour en 2013, pour atteindre le nombre de 150 000 en 2014.

Cette nouvelle mesure pour la « bataille de l’emploi » est prise dans un contexte de forte augmentation du chômage.

671 200 jeunes de moins de 25 ans (inscrits en catégories A, B et C) sont au chômage, soit une augmentation de +1,4% au mois de juillet 2012 et +6,7% sur un an.

Le coût de ce dispositif d’insertion professionnelle est évalué à 2,3 milliards d’euros, qui vont s’ajouter à la dette publique actuelle.

Ce dispositif s’adresse spécifiquement aux jeunes sans qualification, aux jeunes titulaires d’un CAP/BEP rencontrant des difficultés d’accès à un premier emploi ainsi qu’aux jeunes titulaires d’un baccalauréat résidant en zone urbaine sensible (ZUS).

Ces contrats reposent sur un fort engagement des employeurs, à la fois par la formation professionnelle et le tutorat, et sur un accompagnement renforcé assuré essentiellement par les missions locales.

L’Etat prend en charge 75% du montant brut de la rémunération du salarié, embauché en CDI, CDD de 3 ans ou de 1 an renouvelable jusqu’à 3 ans.

Paradoxalement, les emplois d’avenir ne sont pas ouverts au secteur marchand. Serait-ce une volonté de rompre avec le contrat unique d’insertion (CUI) instauré par le précédent gouvernement ?

En effet, les emplois d’avenir relèvent du secteur non marchand, des filières vertes et numériques, des secteurs social et médico-social, aide à la personne, animation et loisirs, tourisme…

L’examen du projet de loi initialement prévu le 24 septembre a été avancé au 10 septembre. Michel S., après avoir prôné la patience pour les demandeurs d’emploi, exige désormais de la vitesse en annonçant sa lutte contre le conservatisme des partenaires sociaux.

Michel S. donne donc le ton de la future concertation avec le patronat et les syndicats au sujet du contrat de génération.

Quant aux partenaires sociaux, ils ne voient pas la pertinence de ces nouveaux contrats aidés, pâle copie des emplois jeunes de 1997 sous Lionel J. Ils ne sont pas une solution pérenne contre le chômage. Laurence P. a d’ailleurs qualifié ces emplois d’avenir de « dispositif pas terrible » et considère que ce n’est pas le « moment d’augmenter la fonction publique territoriale », préférant le dispositif « zéro charges ».

De son côté, la CGT a d’ores et déjà annoncé un mouvement de grève pour le 9 octobre prochain.

Encore une fois, les emplois d’avenir sont une solution précaire pour ces jeunes peu ou pas qualifiés, stigmatisant les zones urbaines sensibles.

En outre, cette mesure peut provoquer un sentiment de division pour les demandeurs d’emplois, qualifiés, cadres qui demeurent au chômage.

Désormais que vous soyez qualifiés ou non, le chômage est de longue durée dans un pays où la croissance est nulle et où les perspectives économiques sont mornes.

Retour sur le dispositif « zéro charges »

31 Jan

Suite au sommet social du 18 janvier, le dispositif « zéro charges » est à nouveau en vigueur

Crédit Photo : jeanlain-recrute.com

Ce dispositif d’aide à l’embauche est à nouveau prorogé mais il est réservé à l’embauche d’un jeune de moins de 26 ans dans une TPE.

Le coût de cette mesure est estimé à 100 millions d’euros.

Pour mémoire, le dispositif « zéro charges » pour les TPE a été annoncé dans le cadre du plan de relance de l’économie le 4 décembre 2008. Il a permis de réaliser 500 000 embauches en CDD et CDI. Fort de son succès, ce dispositif avait été prorogé jusqu’au 30 juin 2010.

Nouveau public concerné

Désormais, les entreprises de moins de dix salariés peuvent bénéficier de cette aide pour l’embauche de jeunes de moins de 26 ans entre le 18 janvier 2012 et le 17 juillet 2012 inclus.

Cette aide, gérée par Pôle emploi, s’applique aux salariés âgés de moins de 26 ans dont le contrat de travail est un CDI, un renouvellement d’un CDD pour une durée supérieure à un mois ou une transformation d’un CDD en CDI.

Par ailleurs, les dispositions relatives à cette aide ont été assouplies par le décret n° 2009-296 du 16 mars 2009 qui permet désormais aux entreprises entrant dans le champ d’éligibilité de la réduction dite Fillon de bénéficier de l’aide et à l’employeur de conclure des CDD favorisant le recrutement de certaines catégories de personnes sans emploi ou permettant au salarié d’assurer un complément de formation professionnelle.

Conditions

Pour bénéficier de cette aide, l’employeur ne doit pas avoir procédé à un licenciement économique et doit être à jour de ses obligations déclaratives et de paiement à l’égard des organismes de recouvrement des cotisations et des contributions de l’assurance chômage.

Montant de l’aide

Cette aide est due au titre des gains et rémunérations versés au cours des douze mois suivant le 1er février 2012 ou la date d’embauche si celle-ci est postérieure au 1er février 2012.

Le coefficient maximal est de 0,14. Il est atteint pour une rémunération horaire égale au SMIC.

Le coefficient est déterminé par l’application de la formule suivante :

coefficient = [0,14/0,6] × [1,6 × montant mensuel du SMIC/rémunération mensuelle brute hors heures supplémentaires et complémentaires – 1]

L’aide à l’embauche, versée trimestriellement, est dégressive jusqu’à s’annuler à 1,6 fois le SMIC (1 398,37 euros au 1er janvier 2012), son montant maximal s’élevant à 195 euros par mois.

Cette aide à l’embauche pour les TPE n’est pas cumulable avec certains dispositifs en faveur du retour à l’emploi, à savoir :

  • l’aide à l’insertion par l’activité économique (IAE)
  • l’aide au contrat initiative emploi (CIE)
  • l’aide au contrat d’accès à l’emploi
  • l’aide à l’apprentissage (exonération de charges)
  • l’aide aux entreprises adaptées aux travailleurs handicapés
  • l’aide au contrat d’insertion par l’activité pour les bénéficiaires du RSA dans les départements d’Outre-mer.

Un décret à paraître prochainement apportera toutes les précisions complémentaires.

Décret n° 2008-1357 du 19 décembre 2008 instituant une aide à l’embauche pour les très petites entreprises

Décret n° 2009-1396 du 16 novembre 2009 modifiant le décret n° 2008-1357 du 19 décembre 2008 instituant une aide à l’embauche pour les très petites entreprises

Le CAE de 7 heures : un emploi au rabais

27 Jan

Crédit Photo : rsa.gouv.fr

Pour faire suite à mon billet du 29 décembre 2011 sur le RSA : « le CAE de 7 heures hebdomadaires », un arrêté du 19 janvier 2012 fixe le montant de l’aide financière à 95% du montant du SMIC correspondant à l’accomplissement de 7 heures de travail.

Le CAE de 7 heures est à titre expérimental. Les bénéficiaires du RSA sont volontaires pour signer une convention individuelle de contrat d’accompagnement dans l’emploi.

Les bénéficiaires du RSA percevront le RSA d’un montant de 474,93 euros pour une personne seule auquel s’ajoute la somme de 130 euros mensuels pour les 28 heures de travail effectuées.

Certes, ce nouveau contrat de travail pour les bénéficiaires du RSA leur permet de compléter leurs revenus et mais dans le détail, ces personnes volontaires ne sont payées que 4,64 euros de l’heure, à peine la moitié du smic horaire fixé au 1er janvier 2012 à 9,22 euros.

Ce n’est pas parce que les bénéficiaires du RSA sont dans une précarité sociale, à la fois matérielle et psychologique, que le gouvernement doit leur proposer un emploi au rabais, en occultant la formation professionnelle et l’acquisition de nouvelles compétences.

Arrêté du 19 janvier 2012 relatif au taux de prise en charge des contrats d’accompagnement dans l’emploi d’une durée hebdomadaire de sept heures conclus pour les bénéficiaires du revenu de solidarité active

Sommet social : les mesures du gouvernement

18 Jan

La rencontre de ce matin avec les partenaires sociaux, d’une durée de 4 heures, dans un « climat apaisé », a abouti à une annonce de mesures d’urgence par Nicolas Sarkozy.

Les mesures d’urgence


Les 5 mesures d’urgence qui ont fait l’objet d’un accord général au cours du sommet social avec les partenaires sociaux :

1 / Activité partielle de longue durée (APLD) : il faut éviter de couper le lien entre le salarié et son entreprise, maintenir le salarié dans l’entreprise et le former durant ce temps libre forcé plutôt que de le licencier.

2 / Le dispositif « zéro charges » sera applicable aux jeunes dans les TPE.

3 / Plan de formation des chômeurs très éloignés de l’emploi : ce plan s’adresse aux personnes n’ayant pas exercé une activité professionnelle depuis au moins 2 ans et qui se retrouvent en incapacité de reprendre un emploi. Tous, « sans exception », se verront proposer soit une formation, soit un emploi, soit un processus de resocialisation, soit un contrat aidé marchand ou non marchand.

4 / Renforcement des effectifs de Pôle emploi : au vu de l’augmentation du nombre de demandeurs d’emploi, les effectifs de Pôle emploi sont renforcés de 1. 000 collaborateurs supplémentaires. Cette augmentation des effectifs représente 39 millions d’euros pour l’Etat. Elle sera financée par un redéploiement pour ne pas accroître la dette publique.

5 / Le fonds social européen (FSE) et les fonds dont les partenaires sociaux ont la responsabilité vont être doublés en faveur des chômeurs pour atteindre 800 à 900 millions d’euros.

Les grands chantiers à venir

Nicolas Sarkozy garde de la réserve sur les grands chantiers à venir pour renforcer la compétitivité de la France et par conséquent sa croissance. Il fera son effet d’annonce à la télévision à la fin du mois.

1 / Réforme « radicale » de la formation professionnelle : elle doit être entreprise car seulement 10% des chômeurs sont en formation. Gérard Larcher se verra confier une mission qui le conduira auprès des syndicats, de l’éducation nationale, des régions, de l’ensemble des services de l’Etat pour porter en 2 mois les bases d’une réforme de la formation professionnelle. L’objectif est simple, que chaque chômeur ait une formation et qu’au bout de la formation, le chômeur doive accepter l’offre d’emploi qui lui sera proposé.

2 / Entrée des jeunes dans l’entreprise par le biais de l’apprentissage : une entreprise sur de deux de 250 salariés a moins de 1% de jeunes en apprentissage.

3 / Financement de la protection sociale

4 / Financement de l’industrie : création d’un établissement dédié, d’une banque de l’industrie, à l’instar d’OSEO.

5 / Logement / emploi : l’offre de logement, d’ici la fin du mois, sera « dopée » et par conséquent soutiendra « puissamment » la croissance.

6 / Taxe sur les transactions financières : ce projet sera précisé à la fin du mois et devra s’appliquer à l’ensemble de la zone euro. L’Allemagne et l’Espagne sont en faveur de ce projet.

La course des 100 jours

C’est une course d’annonces pour boucler un programme, un bilan de quinquennat en moins de 100 jours.

Le président revient sur ses propres réformes et dispositifs en faveur de l’emploi. L’effet d’annonce ne dupe personne.

En effet, concernant l’APLD, il est précisé dans le dispositif initial que durant sa période de chômage partiel, le salarié doit être formé. Ce qu’annonce Nicolas Sarkozy est donc une évidence. Cette mesure aurait déjà du être appliquée. Exceptée la réduction à 10 jours de l’acceptation de l’état en chômage partiel par l’administration, aucune nouvelle annonce n’est réelle.

Quant à la formation professionnelle, elle a été réformée par la loi n° 2009-1437 du 24 novembre 2009 qui instaure notamment un renforcement de la formation professionnelle ainsi que la création du fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnelle (FPSPP).

Apparemment sa mise ne œuvre n’est pas une réussite puisque Nicolas Sarkozy la remet en question en missionnant Gérard Larcher. La formation professionnelle va s’inscrire dans la rhétorique des droits et des devoirs des demandeurs d’emploi. Le demandeur d’emploi qui suivra une formation devra accepter l’offre d’emploi (ORE) de notre multinationale de 45 .0000 collaborateurs, sans compter les opérateurs privés de placement (OPP). Le demandeur d’emploi devra désormais vivre avec une seconde épée de Damoclès de motif de radiation.

Tout comme Bercy, Pôle emploi est une pieuvre. 1.000 salariés supplémentaires ne suffiront pas à inverser la courbe du chômage. Il serait temps de comprendre que quantité n’est pas qualité et que la réalité du terrain est tout autre.

Certes, depuis le début du quinquennat de Nicolas Sarkozy, de nombreux dispositifs de qualité en faveur du retour à l’emploi ont été créés mais les agents de Pôle emploi ne les proposent pas aux demandeurs d’emploi ni aux employeurs. Qu’est devenue la relation tripartite entre l’ANPE, les demandeurs d’emploi et les entreprises ?

L’administration de Pôle emploi est trop lourde, statique. C’est cette institution qui devrait être réformée, en plus de la « réforme de la réforme » de la formation professionnelle, et pas seulement avec un nouveau directeur et une feuille de route. Le nouveau fait peut-être oublié l’ancien mais ne change pas le présent des demandeurs d’emploi.

Enfin, sur le sujet qui préoccupe le plus les français et bien évidemment les partenaires sociaux, Nicolas Sarkozy reste très vague sur le financement de la protection sociale et renvoie sa décision à la fin du mois. Il est évident qu’une annonce en plein sommet social aurait braqué au moins trois syndicats.

Le gouvernement se lance dans une course effrénée d’annonces mais nous aussi, nous courons, courons et tous les chemins mènent à l’isoloir.

Intervention du Président de la République à l’occasion du sommet sur la crise