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Forte hausse des chômeurs en activité réduite : l’omission de Michel Sapin

28 Nov

A l’heure de la polémique sur la retraite-chapeau indécente de Philippe Varin, des plans sociaux incessants dont le dernier de la société de transport Mory Ducros frappant 5 000 salariés, de 62 500 défaillances d’entreprises et de 107 700 destructions d’emploi en un an, les éléments de langage de François Hollande s’adaptent à la conjoncture et à l’opinion publique.

ActualisationPE

En déplacement à Aubervilliers ce jeudi matin pour promouvoir le contrat de génération, il connaît déjà les chiffres du chômage provoquant une communication chaotique. Le chef de l’Etat n’évoque plus la date butoir de la fin de l’année mais s’attache uniquement à « l’inversion de la courbe du chômage », « la baisse du chômage ». Il ajoute avec beaucoup d’hésitation que « c’est une bataille que nous avons engagée. Elle se fera mois par mois. Nous devons y travailler sans cesse et ça nous prendra tout le temps nécessaire, ce mois-ci comme les autres mois. Et ce qui compte c’est cette tendance que nous devons imposer. » Il termine en regardant Michel Sapin « c’est que le chômage doit cesser d’augmenter ».

Les chiffres

Michel Sapin se targue d’annoncer une baisse du chômage pour le mois d’octobre, uniquement pour la catégorie A. Il n’est déjà plus question du Bug Pôle Emploi – SFR qui devait pourtant se répercuter sur deux mois. Les demandeurs d’emploi de catégorie A baissent de -0,6%, soit -20 500 chômeurs pour s’établir à 3 275 200 en France métropolitaine. Grâce aux contrats aidés, le chômage des jeunes de catégorie A diminue de -2,3%, soit -12 400 chômeurs pour s’établir à 535 100.

En revanche, Michel Sapin se garde bien d’évoquer la forte augmentation des chômeurs en activité réduite (catégories B et C).  En effet, les chômeurs en activité réduite courte augmentent de +3,7% et ceux en activité réduite longue de +4,0%. Au total, ces chômeurs subissant ces emplois à temps partiel et ces contrats précaires s’établissent à 1 607 800, soit +60 100 chômeurs supplémentaires. Quand on pense que ce dispositif d’activité réduite devrait être réexaminé lors de la renégociation de la convention d’assurance chômage par la dégressivité des allocations versées en complément des revenus d’activité, la précarisation des chômeurs pourrait s’accroître.

Au total, le nombre demandeurs d’emploi des catégories A, B et C augmente de +0,8% au mois d’octobre 2013, soit +39 600, pour s’établir à 4 883 000 chômeurs en France métropolitaine.

Bien évidemment, le ministère du Travail peut retirer tous les licenciés économiques auxquels est proposé le contrat de sécurisation professionnelle (CSP) qui ne sont pas comptabilisés dans les chiffres du chômage. Ayant le statut de stagiaire de la formation professionnelle, ils n’entrent pas dans les catégories A, B et C.

Quant au chômage des jeunes et des seniors des catégories A, B et C, il poursuit sa hausse au mois d’octobre 2013 avec respectivement +0,3% et +1,1%.

777 000  jeunes et 1 034 800 seniors sont au chômage au mois d’octobre  2013.

Le chômage de longue durée, un an ou plus, catégories A, B et C, continue d’augmenter de +1,4% pour s’établir à 2 029 900.

Le chômage d’une durée de 3 ans ou plus poursuit également sa hausse avec +1,2%. Il atteint 575 600, soit une augmentation de +6 900 chômeurs.

Les allocataires du RSA inscrits en catégories A, B et C augmentent de +20 700  bénéficiaires pour s’établir à 800 200, soit 15,9% des demandeurs d’emploi inscrits dans ces trois catégories.

Quant aux radiations administratives, elles augmentent fortement ce mois-ci avec +10 800 radiations, contre + 1 200 le mois précédent et s’établissent à 52 600.

185 500 cessations d’inscription pour défaut d’actualisation ont été comptabilisées ce mois-ci, en diminution de -14 800 par rapport au mois précédent.

chomage infographie Octobre 2013  copie

La Manif’ du 7 décembre

Face à cette situation et pour la 11ème année consécutive, les quatre organisations de défense des chômeurs et précaires, MNCP, APEIS, AC et la section CGT chômeurs de Paris, ont appelé à manifester le samedi 7 décembre à Paris, place Stalingrad.

Lors de la conférence de presse du 27 novembre, les représentants des organisations ont rappelé la pénurie d’offres d’emplois et ont également dénoncé les conditions faites aux chômeurs à Pôle Emploi. Les chômeurs, citoyens à part entière, doivent être entendus, et notamment lors des prochaines négociations UNEDIC qui se tiendront au premier trimestre 2014.

DARES : Demandeurs d’emploi inscrits et offres collectées par Pôle emploi en octobre 2013

Pour aller plus loin :

 

Pôle emploi : y a-t-il un pilote dans le Cinétic ?

1 Oct

Le ministère du travail se défausse sur Pôle emploi, qui se défausse à son tour sur SFR…

Les chiffres du chômage du mois d’août ont été publiés vendredi 25 septembre et grande surprise la baisse des chômeurs a été considérable, -50 000 demandeurs d’emploi de catégorie A et -62 700 demandeurs d’emploi des catégories A, B, C.

POLE_EMPLOI_NEW_13-11Face à cette première baisse depuis le mois d’avril 2011, le gouvernement a le triomphe modeste. Cette posture est notamment due à l’ampleur inhabituelle du nombre de sorties pour défaut d’actualisation qui a bondit de +38,8%, soit 277 500 sorties. A cela s’ajoute le nombre de radiations administratives qui ont augmenté de +7,7% au mois d’août 2013, soit 40 600 chômeurs radiés.

Dans son communiqué de presse du 25 septembre, Michel Sapin déclare que « ces chiffres sont encourageants, mais doivent encore être interprétés avec prudence » et « dans les périodes de reprise de l’activité économique, il est courant d’observer une certaine « volatilité » des chiffres du chômage d’un mois sur l’autre. ». Rien n’indiquait un questionnement plus profond sur ces chiffres surprenants du mois d’août.

Néanmoins, les 77 500 sorties pour défaut d’actualisation sont mises en avant dans les média et inquiète par conséquent le gouvernement qui demande des comptes à Pôle emploi.

Par un communiqué de presse du 30 septembre, le ministère du Travail rend public les investigations menées par Pôle emploi et la Dares. Immédiatement, le ministère du travail se défausse sur Pôle emploi, qui se défausse à son tour sur SFR.

En effet, l’augmentation inhabituelle des défauts d’actualisation est due à un manquement de l’opérateur SFR qui envoie des SMS aux demandeurs d’emploi afin qu’ils n’oublient pas de s’actualiser, soit de manière dématérialisée sur le site, soit dans une agence Pôle emploi. Dans un communiqué de presse, SFR indique qu’il « a constaté un incident dans la réception par certains demandeurs d’emploi des SMS de relance qui leur sont adressés par Pôle Emploi à partir d’une de ses plates-formes d’envoi. ».

Sans ce bug de SFR, la baisse du chômage au mois d’août aurait dû être moitié moindre, comprise entre -22 000 et -29 000 demandeurs d’emploi. « Cela reste la première baisse depuis 27 mois et la plus importante depuis décembre 2007. » pour Michel Sapin.

Le Ministre du travail est diplomate mais ferme dans son communiqué en invitant Jean Bassères, Directeur général de Pôle emploi « de prendre immédiatement des mesures pour renforcer le contrôle qualité de cette procédure, afin que de tels incidents ne puissent en aucun cas se reproduire. ». Il rassure nos concitoyens en précisant « que cet incident n’a pas de conséquence pour les demandeurs d’emploi concernés, notamment quant à leur indemnisation. ».

C’est seulement aujourd’hui que Jean Bassères intervient sur RMC / BFM-TV, en changeant son fusil d’épaule et en ne se défaussant plus intégralement sur son prestataire SFR. En effet, il était difficile de tenir cette posture. Il serait dommageable pour le Directeur de Pôle emploi que nous croyions qu’il ne pilote pas ses prestataires ; un comble, étant donné le nombre de prestataires de Pôle emploi utilisé dans la logique du « Je fais faire »….

Jean Bassères déclare donc aujourd’hui « Nous, nous avons une responsabilité partagée avec SFR. C’est s’assurer qu’une campagne de SMS se déroule bien. Et là, force est de constater que nous n’avons pas réussi à avoir en temps réel une vision suffisante de ce dispositif qu’on a finalement complètement analysé vendredi seulement. »

La dématérialisation a pour objectif la simplification des démarches administratives. Néanmoins, elle doit être sécurisée. Ceci est un énième dysfonctionnement de Pôle emploi et ce n’est que l’arbre qui cache la forêt des dysfonctionnements de Pôle emploi.

Si Pôle emploi exige une actualisation mensuelle afin d’indemniser les demandeurs d’emploi, alors l’exigence doit être réciproque et Pôle emploi doit assurer un service irréprochable aux demandeurs d’emploi, qui sont de facto dans une situation précaire.

Quand ce service public aura-t-il de l’efficience ? Une refonte en profondeur de Pôle emploi serait tout aussi utile que la réflexion actuellement menée sur la réforme de la formation professionnelle, de son pilotage, de ses acteurs et de son financement.

Marie Lacoste, secrétaire générale du Mouvement National des Chômeurs et Précaires a réagi sur LCI. Le MNCP va s’adresser officiellement à la direction générale de Pôle Emploi pour exiger des explications claires et précises, ainsi que des engagements.
 

Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, invité ce matin sur France Info, dénonce le bug « scandaleux » de Pôle emploi et a découvert par la même occasion que SFR était un sous-traitant de Pôle emploi.

Pour aller plus loin : « « Grincheux », circulez ! La courbe s’inverse… » (25/09/2013)

Indus des chômeurs : « Pôle emploi, par principe, n’admet jamais ses torts. »

13 Mai

Suite à mon billet sur le recouvrement des indus par Pôle emploi proposant un décryptage juridique, Robert Crémieux, ancien président du Mouvement National des Chômeurs et Précaires, m’a proposé d’apporter des précisions sur l’intervention et l’engagement du MNCP en faveur des chômeurs confrontés à ces indus et revient sur l’insécurité juridique des demandeurs d’emploi.

Robert Crémieux

Robert Crémieux

Nathalie Salles – Quel évènement vous a amené à rejoindre le MNCP puis à en devenir le président ?

Robert Crémieux – Dans le quartier de banlieue parisienne où j’habitais au début de la décennie 90, j’ai constaté que la montée du chômage n’était pas prise en compte par les syndicats et encore moins par les partis politiques. J’ai participé alors à la constitution d’un mouvement d’action contre le chômage (AC !) qui réunissait des syndicalistes de tous horizons, des chercheurs, des militants politiques et, notamment, un mouvement de chômeurs, le MNCP.

Mais à la fin des années 90, je me suis retrouvé moi-même à pointer à l’ANPE pour la première fois de ma vie. Une expérience à laquelle je n’étais pas préparé, ma génération n’ayant pas connu dans sa jeunesse le chômage de masse. Et cela s’est très mal passé, mon dossier à connu des fortunes diverses dans son traitement par les ASSEDIC, je me suis retrouvé en conflit avec l’assurance chômage et sans indemnité pendant de très longs mois. J’ai très mal vécu cette situation, cela m’a conduit à rejoindre le MNCP en 1997. J’étais déjà convaincu de la nécessité pour les chômeurs d’avoir à mener une lutte syndicale, mais cette fois c’était pour moi-même que j’étais amené à m’inscrire dans ce type d’action !

Il a d’ailleurs fallu le mouvement des chômeurs historique de l’hiver 97-98 pour que mon dossier ASSEDIC soit réexaminé et que mes droits aux allocations chômage soient enfin reconnus. Pendant plusieurs jours avec le MNCP, AC !, APEIS, la CGT chômeurs, nous avons occupé l’agence de Gennevilliers puis l’ANPE… C’est dans le cours de ce mouvement que j’ai pris des responsabilités au sein du MNCP puis que j’en suis devenu président. J’ai quitté la présidence car j’avais retrouvé du travail… mais je suis resté adhérent du mouvement. Sans responsabilité particulière (je suis actuellement retraité) mais j’essaie de me rendre utile. Le mouvement repose pour une part sur le concours de bénévoles comme moi (nous les appelons : « citoyens / citoyennes solidaires »).

  • De quelle manière les chômeurs concernés par un recouvrement d’indus entrent-ils en contact avec vous ? Est-ce l’association qui va au devant de leurs problèmes et de quelle manière ?

Le MNCP est une fédération de maisons de chômeurs. Chacune a son histoire, ses particularités, ses modes d’action et son nom local sous lequel elle est connue. La manière dont les chômeurs entrent en contact varie avec l’implantation locale : certaines reçoivent même des personnes que les services publics débordés où impuissants leur envoient.

Certaines associations ont aussi la pratique militante d’aller aux portes des Pôle emploi ou des CAF. L’adresse du MNCP est affichée dans les agences Pôle emploi. Et parfois, lorsque nous mettons en avant une question particulière comme les radiations ou les indus et que la presse locale en parle, nous avons des chômeurs qui s’adressent à nous… Depuis que le MNCP a une meilleure visibilité sur Internet (mncp.fret sur les réseaux sociaux (sur twitter @Federation_MNCP  , un groupe sur Facebook et sur dailymotion), il y a aussi des personnes qui prennent contact par ce moyen car nous n’avons pas d’associations sur tout le territoire.

  • Face à des indus, les chômeurs ont-ils le réflexe de vous contacter rapidement ou attendent-ils d’être dans une situation inextricable ?

D’une façon générale, les personnes nous contactent quand elles sont vraiment en difficulté. Et parfois quand elles ont essayé d’autres solutions. Beaucoup de gens voient par exemple le recours à un avocat comme l’arme fatale face à Pôle emploi, alors que c’est une solution souvent coûteuse et où il n’y a pas de certitude de gagner.

Il faut comprendre que nous sortons d’une période de plusieurs années où le MNCP n’avait aucune visibilité médiatique. Zéro, censure totale au niveau des grands medias nationaux. Les syndicats, par exemple, font partie de l’imaginaire social alors que les associations de chômeurs sont trop peu connues, pourtant le MNCP existe depuis vingt-sept ans.

  • Quel est votre processus d’intervention face à des indus réclamés par Pôle emploi ? Plaidez-vous directement la cause du demandeur d’emploi auprès de la Direction de Pôle emploi ou l’assistez-vous au tribunal lors de l’audience ?

Chaque cas est singulier. Souvent, en particulier pour les sommes en dessous d’un certain seuil, une intervention de l’association en appui des démarches du chômeur (qui peut être au moment du contentieux un salarié précaire) auprès du directeur d’agence suffit à débloquer la situation. Les associations peuvent aussi intervenir auprès du médiateur régional et du médiateur national.

Pour les sommes dépassant le millier d’euros (ce qui est fréquent), c’est plus compliqué car le règlement interdit au directeur d’agence d’effacer purement et simplement la demande de remboursement. L’affaire se complique car souvent à la base du contentieux il y a une erreur de Pôle emploi mais qu’il est difficile de prouver. Pôle emploi, par principe, n’admet jamais ses torts. Parfois l’organisme reconnaît que c’est « la faute à l’informatique… ». Le problème est le même dans les CAF avec les questions des indus liés au RSA.

En principe, Pôle emploi, d’après sa mission, doit soutien et information aux chômeurs. Dans les faits, c’est le chômeur qui doit batailler pour prouver sa bonne foi. Pôle emploi est juge et partie en s’appuyant sur des règlements de l’Unédic qui en font une zone de non-droit pour les inscrits. Les voies de recours sont quasi clandestines, même si cela dépend de la volonté du personnel et il faut dire que là où il y a des syndicats comme SNU – FSU ou Sud emploi qui mènent des actions communes avec les associations de chômeurs, cela facilite les choses.

Mais entrer dans la moindre procédure de contentieux est un parcours d’obstacle pour lequel les chômeurs et chômeuses ne sont tout simplement pas armé. Il s’agit de constituer des dossiers, d’écrire des lettres recommandées, de suivre des procédures de recours byzantines où souvent même les agents de Pôle emploi se perdent eux-mêmes de bonne foi tant ils sont débordés et au prise avec un management déresponsabilisant. L’actuel médiateur de Pôle emploi, après son prédécesseur qui a jeté l’éponge, en est le témoin effaré. L’instance régionale paritaire, par exemple, est une escroquerie juridique où le dossier de l’accusé comparaît sans défenseur. Et il faut tenir compte que les récentes critiques du médiateur national sont faites de manière très « diplomatique ».

Dans ce contexte, vient un moment où nous disons, il n’est pas possible de défendre les chômeurs qu’au cas par cas. Il faut une action collective pour faire des réformes d’ensemble. Sinon c’est un travail sans fin où l’on s’épuise et où malgré des succès beaucoup de chômeurs n’y trouvent pas leur compte. C’est l’une des raisons, en plus de l’urgence sociale, qui nous conduit à participer à la Marche des chômeurs, chômeuses et précaires pour leurs droits (15 juin – 6 juillet) avec APEIS, AC !, DAL, les syndicats Solidaires et la FSU.

  • Des dossiers d’indus se sont-ils soldés par un abandon des poursuites par Pôle emploi, voire une reconnaissance de leur erreur lors du calcul de l’allocation chômage ?

Bien sûr, il y a de nombreux cas où l’intervention des associations, le recours au médiateur se soldent par des rectifications du dossier. Mais « l’erreur de la banque en votre faveur », ça n’existe qu’au Monopoly. De très nombreux chômeurs abandonnent leurs droits parce qu’ils ont le sentiment d’être le pot de terre contre le pot de fer. L’administration ne reconnaît jamais ses erreurs et la résignation gagne. L’action collective est alors la seule issue. Il y a quelques années on en a eu l’illustration avec l’affaire des « recalculés de l’Unédic » où, suite à une erreur juridique, des centaines de milliers d’allocataires avaient été lésés. L’ardoise a été effacée devant le scandale et la mobilisation du mouvement des chômeurs mais jamais l’Unédic n’a reconnu ses fautes.

  • Suite au rapport du médiateur de Pôle emploi, attendez-vous avec impatience la publication du rapport spécifiquement sur les indus ? Avez-vous rencontré le médiateur de Pôle emploi ?

Un rapport sur les indus peut être une bonne chose. Mais il y a lieu de craindre des pressions dans le climat actuel. Le statut public de Pôle emploi fait que le dossier est suivi de près par le ministre du travail. Les associations de chômeurs qui ont une légitimité à représenter les chômeurs doivent être associées à part entière aux rapports, enquêtes et aux décisions, – dans ce domaine comme dans les autres. Sur le fond, quelles que soient ses qualités personnelles, ce n’est pas au médiateur seul de faire des propositions et d’assurer le suivi.

  • Pour rebondir sur l’actualité, suite à votre prise de position sur le blog de Mediapart (02/05/2013)qui met en exergue les tensions entre l’Unedic et Jean-Louis Walter, pensez-vous que la simplification de la règlementation d’assurance chômage soit la solution aux problèmes d’indemnisation et d’accompagnement des demandeurs d’emploi ? Par essence, les règlementations, le code du travail ne sont-ils pas compliqués ? N’y-a-t-il pas un risque de perdre la personnalisation, la singularité de l’indemnisation de certaines professions (marins pêcheurs, VRP, saisonniers… les annexes du RAC) ? La simplification de la règlementation d’assurance chômage ne risque-t-elle pas d’entraîner une précarisation plus importante des demandeurs d’emploi ? Par ailleurs, cette question de la simplification ne fait-elle pas débat que depuis la fusion ratée ANPE-Assedic ?

L’intention du médiateur est sans doute louable. Mais le problème est ailleurs. Le statut du chômeur l’exclut du droit du travail. L’insécurité juridique du chômeur n’est pas simplement un problème de simplification mais tient au fait qu’il n’y a pas de droit du chômage (ou un droit du travail étendu au chômage), ce qui en fait une curiosité juridique. Un chapitre de notre Rapport 2011 sur la situation des chômeurs est d’ailleurs consacré à cette question de l’insécurité juridique (disponible en téléchargement sur le site du MNCP).

Ce sont les règlements de l’Unédic qui sont la « loi » pour les chômeurs. Or ces règlements varient en fonction des Accords Nationaux Interprofessionnels (ANI, dont le sigle est devenu fameux récemment) qui conditionnent les Conventions Unédic. Ces règlements sont périodiquement renégociés par les partenaires sociaux et sont déterminés par les compromis conclus entre le Medef et certains syndicats. Le droit n’a pas grand-chose à y voir : il s’agit d’un rapport de forces au sein d’un paritarisme truqué.

  • Après un long combat, le MNCP fait partie de certaines maisons de l’emploi ainsi que des comités de liaisons, n’est-ce pas un paradoxe que de ne pas faire partie des négociations de la convention d’assurance chômage ?

C’est plus qu’un paradoxe, c’est une situation scandaleuse. La participation à ces négociations est une revendication fondatrice du mouvement des chômeurs. Personnellement, je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui, les yeux dans les yeux, m’a justifié cette incongruité dans un Etat qui se dit de droit. La résilience du MNCP au cours de ces années tient en partie à la légitimité de cette nécessaire participation.

  • Les prochaines négociations débutent en septembre, pensez-vous que le dispositif d’activité réduite ainsi que le régime des intermittents du spectacle doivent-être revus ? Si les allocations chômage deviennent à nouveau dégressives, considérez-vous que cela apportera une solution à une reprise d’activité plus rapide des demandeurs d’emploi ?

Nous ne prenons pas en charge les questions des intermittents du spectacle parce qu’ils ont leur propre mode de représentation syndicale. Mais nous sommes d’une façon générale solidaires de leurs prises de position.

Quant à la dégressivité des allocations, cela ressort chaque fois qu’il y a une augmentation du nombre des chômeurs. C’est l’illustration du « théorème Pôle emploi ». Plus la file s’allonge, plus les conditions qui leur sont faites se dégradent dans tous les domaines. C’est le cas en matière d’indemnisation : le Medef souhaite faire payer le coût du chômage principalement par les chômeurs-allocataires et les salariés-cotisants, en diminuant les versements aux uns et en augmentant les cotisations des autres.

Le MNCP estime de plus que la dégressivité existe de fait : la moitié des inscrits à Pôle emploi ne perçoivent pas d’allocation et les personnes en fin de droits sont renvoyées dans des systèmes de solidarités indignes alors que nous considérons que toutes les personnes privés d’emploi doivent être indemnisées. Ce ne serait jamais que l’application d’un droit inscrit dans la Constitution…

Pour contacter Robert Crémieux :
Facebook : Robert Crémieux
Twitter : @cremieuxrag
Marche des chômeurs : marcheschômeurs@gmail.com

Propos recueillis par Nathalie Salles
@MamzelleB – salles.nath@gmail.com

 

MNCP enfin entendu !

6 Mai

Le mouvement national des chômeurs et précaires a été reçu le 3 mai 2012 par les partenaires sociaux de l’Unédic.

Crédit photo : actuchomage.org

La publication du premier rapport du MNCP sur le chômage en avril dernier « Un autre regard sur le chômage » aurait-il fait mouche ?

Le MNCP n’avait pas été convié aux dernières négociations sur la nouvelle convention d’assurance chômage entrée en vigueur le 1er juin 2011. Face à cette situation, le MNCP avait pris de nombreuses initiatives à travers une large campagne nommée « Négociations Unédic : Pas sans les chômeurs !  » faite de tractage, de manifestations et de propositions transmises par courrier aux partenaires sociaux.

La parole collective des chômeurs a porté ses fruits. Jean-François YON a déclaré à l’AFP : « Nous sommes satisfaits que cette rencontre que nous demandions depuis plus de dix ans avec l’ensemble des partenaires sociaux réunis ait eu lieu« .

Au siège du MEDEF, J.-F. YON a pu exposer les principales revendications de l’association :

  • « la mise en place d’un système unifié et universel » d’indemnisation, « financé par un élargissement des cotisations de la valeur ajoutée et par la solidarité nationale  » ;
  • « l’ouverture des droits dès le premier jour travaillé  » ;
  • être représenté « au Conseil d’administration de Pôle emploi « .

Suite à cette première rencontre, Jean-François YON espère être invité au groupe de travail du premier semestre 2013 avant la prochaine négociation de la convention d’assurance chômage.

Le MNCP sera attentif à être associé aux négociations au plan national et pas uniquement lors de rencontre régionales à travers les comités de liaison, à nouveau, actifs depuis 2011.